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Qui est débiteur de qui ?

La véritable dette extérieure

Exposé du Chef Guaicaipuro Cuatemoc devant la réunion des Chefs d'Etat de la Communauté Européenne.
Valence, Avril 2002
(texte lu et traduit de l'espagnol par Marie Rol Garcia lors du dernier CA Attac Pau)
Richard PELTIER
CEL Attac 64 Pau pau@attac.org

Avec un langage simple, retransmis en traduction simultanée à plus d'une centaine de Chefs d'Etats et de dignitaires de la Communauté Européenne, le Chef Guaicapuro Cuatemo réussit à inquiéter son auditoire lorsqu'il dit :
" Ainsi moi, Guaicaipuro Cuatemoc, je suis venu rencontrer ceux qui célèbrent la rencontre.
Ainsi moi, descendant de ceux qui peuplaient l'Amérique il y a quarante mille ans, je suis venu rencontrer ceux qui l'on rencontrée il y a seulement cinq cents ans. Ainsi, donc, nous nous rencontrons tous.
Nous savons qui nous sommes, et cela suffit.
Le frère douanier européen me demande un papier écrit avec un visa pour que je puisse découvrir ceux qui m'ont découvert.
Le frère usurier européen me demande de payer une dette contractée par Judas à qui je n'avais jamais permis de me vendre quoi que ce soit.
Le frère avocaillon européen m'explique que toute dette se paie avec intérêt, même si c'est en vendant des êtres humains et des pays entiers sans leur demander leur consentement.
Et je les découvre peu à peu.
Moi aussi, je peux réclamer des paiements, moi aussi je peux réclamer des intérêts.

Les Archives des Indes, attestent, papier après papier, reçu après reçu et signature après signature, que seulement entre 1503 et 1660, sont arrivés à Sanlucar de Barrameda 185 tonnes d'or et 16 mille tonnes d'argent en provenance d'Amérique.
Pillage ? Je ne le croirais pas !
Ce serait penser que les frères chrétiens ont manqué à leur Septième Commandement.
Spoliation ? Que Tanatzin me garde d'imaginer que les Européens, comme Cain, tuent et nient le sang de leur frère !
Génocide ? Ce serait accorder crédit aux calomniateurs tels Bartolomé de las Casas, qui qualifient la rencontre de "destruction des Indes" ou d'autres comme Arturo Uslar Pietre qui affirment que le démarrage du capitalisme et la civilisation européenne actuelle se sont produits grâce à cette avalanche de métaux précieux ! Non !

Ces 185 tonnes d'or et ces 16 mille tonnes d'argent doivent être considérés comme le premier de beaucoup d'autres prêts amicaux de l'Amérique, affectés au développement de l'Europe.
Le contraire serait présumer de l'existence de crimes de guerre, ce qui ouvrirait droit non seulement à exiger leur remboursement immédiat, mais également à des dommages et intérêts.

Moi, Guaicaipuro Cuatemoc, je préfère retenir la moins belliqueuse de ces hypothèses.
Cette fabuleuse exportation de capitaux ne fut que le début d'un plan "MARSHALLTEZUMA", destiné à assurer la reconstruction de la barbare Europe, ruinée par ses guerres déplorables contre des musulmans cultivés, inventeurs de l'algèbre, du bain quotidien et de bien d'autres progrès importants de la civilisation.

Donc, en célébrant le Cinquième Centenaire du Prêt, nous pourrions nous demander : les frères européens ont-ils fait un usage rationnel, responsable ou du moins productif des fonds si généreusement avancés par le Fonds International Indo-américain ?
Nous regrettons de devoir dire non.
En matière de stratégie, ils l'ont dilapidé lors des batailles de Lepanto, dans les invincibles armadas, dans des troisièmes reichs et dans bien d'autres formes d'extermination mutuelle, sans autre fin que de se retrouver occupés par les troupes gringas de l'OTAN, comme à Panama, le canal en moins.

En matière financière, après un moratoire de 500 ans, ils ont été incapables, non seulement de liquider le capital et ses intérêts mais également de se rendre indépendants vis-à-vis des revenus en liquide, des matières premières et de l'énergie bon marché que leur exporte et leur fournit tout le Tiers Monde.
Ce tableau déplorable confirme l'affirmation de Milton Friedman qui dit qu'une économie subventionnée ne peut jamais fonctionner, ce qui nous oblige, dans votre intérêt, à vous réclamer le paiement du capital et des intérêts dont nous avons si généreusement différé le paiement ces derniers siècles.

Ceci étant, nous devons préciser que nous ne nous abaisserons pas à faire payer à nos frères européens les taux d'intérêt vils et sanguinaires de 20 et même de 30 % qu'à l'occasion certains frères européens font payer aux peuples du Tiers Monde.
Nous nous limiterons à exiger le remboursement des métaux précieux avancés, plus un intérêt modique fixe de 10 % l'an, cumulé seulement sur les 300 dernières années, soit 200 ans d'exonération.
Sur cette base, et si nous appliquons la formule européenne des intérêts composés, nous informons nos découvreurs qu'ils nous doivent, en premier paiement de leur dette, un poids de 484 147 milles tonnes d'or et 42 milliards de tonnes d'argent.
A savoir, des volumes équivalant aujourd'hui à 212 345 millions de fois la production d'or annuelle mondiale et 3 164 milliards de fois celle d'argent.
Ce total équivaut également à 70 % de toute l'écorce terrestre, soit 0,7 % de l'ensemble de la planète.

Elles pèsent lourd ces masses d'or et d'argent.
Et combien pèseraient-elles si on les comptait en sang ?
Ajouter que l'Europe, en un demi millénaire, n'a pas pu générer suffisamment de richesses pour régler ce modique intérêt, serait admettre son échec financier absolu et/ou l'irrationalité démentielle des principes du capitalisme.
Bien entendu, les Indiens d'Amérique ne se posent pas de telles questions métaphysiques.
Par contre nous exigeons la signature d'une Lettre d'Intention engageant les peuples débiteurs du Vieux Continent, les obligeant à respecter leur engagement par une rapide privatisation ou reconversion de l'Europe, leur permettant de nous la remettre tout entière, à titre de premier versement de la dette historique."

Quand le Chef Guaicaipuro Cuatemoc a donné sa conférence devant la réunion des Chefs D'Etat de la Communauté Européenne, il ne savait pas qu'il était en train d'exposer une thèse de Droit International destinée à déterminer la VERITABLE DETTE EXTERIEURE.

Il ne reste plus qu'à trouver un gouvernement latino-américain suffisamment courageux pour porter l'affaire devant les Tribunaux Internationaux.

Valence, Avril 2002
(texte lu et traduit de l'espagnol par Marie Rol Garcia lors du dernier CA Attac Pau)

Richard PELTIER
CEL Attac 64 Pau pau@attac.org

 

Le Fond Monétaire International impose aux pays pauvres la privatisation de l'eau.
article de Sarah Grusky de Globalization challange Initiative.
Diffusé par le World Environnmental Journalists E-Group.

Un examen au hasard de la politique de prêts du Fond Monétaire International (FMI), dans 40 pays révèle qu'en 2000 les accords de prêts du FMI dans 12 pays incluaient des conditions imposant la privatisation de l'eau ou le recouvrement integral de son coût.
En général, il s'agit de pays africains parmi les plus petits, les plus pauvres, les plus endettés qui sont ainsi assujettis à ces conditions.
Ironiquement, la majorité de ces prêts sont négociés dans le cadre du tout nouveau "Plan de Réduction de la Pauvreté et pour la croissance".
Cette réforme fût annoncée en fanfare en 1999. Les responsables du FMI affirmaient alors que le nouveau plan de prêts reconcentrerait les mesures très controversées d'ajustement structurel sur des activités que les gouvernements emprunteurs pourraient identifier comme étant de nature à réduire la pauvreté. En fait, plutôt que de contribuer à la réduction de la pauvreté, la privatisation de l'eau et un remboursement plus élevé des coûts ont pour effet de rendre l'eau moins accessible et moins abordable pour les communautés démunies qui représentent la majorité de la population de ces pays.
Ce sont les enfants et les femmes qui seront immédiatement affectés par le fait que l'eau est devenue moins accessible et moins abordable.
Plus de 5 millions de personnes principalement des enfants, meurent chaque années de maladies contractées en buvant de l'eau de mauvaise qualité. Lorsque l'eau devient plus chère et moins accessible, les enfants et les femmes qui supportent l'essentiel des corvées domestiques quotidiennes, doivent aller plus loin et travailler plus durement pour trouver de l'eau.
Souvent, elles doivent recourir à de l'eau de ruisseaux ou de rivières polluées.

Le fait de trouver dans les prêts du FMI, un nombre aussi elevé de conditions relatives à la privatisation de l'eau et au recouvrement des coûts est doublement important.
- Premièrement, le FMI est au sommet dans la hiérarchie des institutions financières internationales.
Un gouvernement qui se plie aux conditions du FMI reçoit ainsi le feu vert qui lui donne accès à d'autres créanciers et investisseurs internationaux. Les conditions du FMI sont ainsi particulièrement importantes sur les pays emprunteurs.
- Deuxièmement, c'est une pratique courante pour la Banque Mondiale d'exiger comme première condition de prêts que les pays se plient à certaines conditions du FMI. c'est ce que l'on appelle les conditionnalités croisées.
Dans la division du travail entre les deux institutions, c'est la Banque Mondiale qui a la responsabilité principale pour les questions "structurelles" comme la privatisation des compagnies d'état. On peut donc penser que dans chaque pays ou les conditions de prêts du FMI comprennent la privatisation de l'eau ou bien le recouvrement intégral des coûts , il y a aussi des conditions de prêts correspondantes de la part de la Banque Mondiale et des projets sur l'eau qui respectent les détails financiers, techniques et de gestion requis pour de telles "restructurations".

Voici la liste de ces 12 pays ou le FMI exigent des mesures plus ou moins importantes de privatisation de l'eau et/ou du recouvrement des coûts :
Angola, Guinee-Bissau, Honduras, Nicaragua, Niger, Panama, Ruanda, Sao tome et Principe, Senegal, Tanzanie et Yemen.

Les actionnaires de Vivendi et autre Lyonnaise des Eaux peuvent prendre des actions de Zenecca.

Avec la politique du FMI, les problèmes de santé vont augmenter et les braves sauveurs de l'humanité pourront vendre leur produit miracle... Ils feront des bénéfices sur les deux plans !
Et surtout qu'on ne se trompe pas de cible.
Les méchants qui commettent un crime contre l'humanité, ce sont les anti-OGM, pas ceux qui vont interdire l'acces à l'eau potable, à des millions d'humains...

 

COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (n°200) - EXTRAIT
09/01/2001
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Office Européen des Brevets :
Propriété Intellectuelle ? Non, Pollution Intellectuelle !
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Après neuf jours de discussions intenses s'achevait à Munich, le 29 novembre dernier, la Conférence pour la révision de la Convention sur le Brevet Européen (CEB). Etait notamment à l'ordre du jour une éventuelle modification de l'article 52.2, article définissant l'exception sur le brevet logiciel. Il stipule en effet que le dépôt de brevet sur un logiciel en tant que tel n'est pas valable en Europe, ce qui entrave passablement l'hégémonie des multinationales du secteur informatique. Et c'est une chance ! Quel est le résultat à l'issue de cette conférence ? Rien n'a changé, mais alors, malheureusement, rien du tout. L'Office Européen des Brevets pourra continuer avec ses pratiques scandaleuses en matière de Propriété Intellectuelle. Mais alors, qui songe à protéger les Européens, face à cette captation toujours plus large par des intérêts privés de tous les champs des activités intellectuelles, dont le logiciel n'est qu'une partie. État des lieux à la veille du Sommet de Nice où la propriété intellectuelle risque de subir les derniers outrages.

La conférence diplomatique visait à généraliser la brevetabilité dans tous les domaines, y compris pour des sujets relevant du vivant ou de la pensée. L'un des enjeux était donc la mise en place, ou non, de brevets sur les logiciels, alors que ceux-ci ne sont que de la logique appliquée.

Les enjeux économiques liés au brevetage des logiciels sont certes considérables, mais les enjeux de société sont immenses. Et bien que les brevets sur les logiciels soient en théorie interdits en Europe, l'Office Européen des Brevets (OEB) et des lobbies puissants, inspirés par la pratique américaine, n'ont eu de cesse d'officialiser ce brevetage à l'occasion de cette conférence. Pourtant la mobilisation de différentes organisations et de milliers de citoyens a permis qu'un début de débat soit engagé in extremis par la Commission Européenne, sous la forme d'une consultation en ligne qui doit se terminer le 15 décembre ([1]).

Ainsi, devant cette intense mobilisation citoyenne, 17 des 20 pays membres de la CEB ont choisi de ne pas remettre en cause, pour l'instant, l'exception sur les programmes d'ordinateurs en tant que tels. Statu quo, donc.

Nous pourrions nous réjouir de cette décision. Or cela ne change strictement rien à la situation actuelle. En effet, cette décision ne remet pas en cause la jurisprudence actuelle scandaleuse de l'Office Européen des Brevets. Nous déplorons que l'on ne mette pas aujourd'hui un frein aux brevets déposés sur les techniques logicielles.

La lecture du discours de clôture de Roland Grossenbacher, président du conseil d'administration de l'OEB, est assez édifiante ([2]) :
« ... Il convient tout d'abord de constater que la Conférence a décidé de ne pas supprimer les programmes d'ordinateurs de la liste des inventions non brevetables. ... La pratique actuelle de l'Office et de ses chambres de recours ainsi que des offices de brevets et des tribunaux nationaux n'est donc aucunement remise en question. Les inventions mises en oeuvre à l'aide d'ordinateurs pourront continuer à être brevetées si elles apportent une contribution technique nouvelle et inventive à l'état de la technique connu. Les procédés techniques dans le domaine du traitement des données ou pour la mise en oeuvre de méthodes dans le domaine commercial sont donc toujours brevetables. Cette pratique découle de la notion même d'invention, qui distingue clairement les solutions techniques des méthodes non techniques. ... »

Mais l'OEB joue sur les mots : montrez-moi un logiciel, un programme d'ordinateur, qui n'ait pas d'effet technique ! Ca n'existe tout simplement pas, car tout logiciel est destiné à être utilisé dans un but technique bien précis. Alors, brevetons à loisir, toutes les techniques logicielles possibles et imaginables, peu important les conséquences... mais tout en restant dans la légalité auto-proclamée par l'OEB (voir la « Galerie des Horreurs des brevets logiciels en Europe », [3]).

Aujourd'hui, à l'issue de la conférence diplomatique, le principal subsiste : la pratique, c'est à dire la jurisprudence illégale de l'OEB. Le statu quo actuel est affligeant : soit les états de la CEB veulent exclure les logiciels du champ des brevets, et ils doivent mettre fin à la jurisprudence illégale de l'OEB, et ainsi exclure clairement tous les programmes d'ordinateurs (effets techniques ou pas, puisque, on l'a vu, tout programme a des effets techniques), soit réviser la Convention comme prévu initialement, ce qu'ils n'ont pas fait. La dérive jurisprudentielle de l'OEB devrait nous conduire à cette constatation : il n'est plus possible de conserver la loi en l'état, si elle permet de telles dérives. Pourtant, une telle évidence n'a apparemment pas sauté aux yeux de nos représentants, qui jouent allègrement la politique de l'autruche : et même la délégation française, alors qu'elle a pris position pour le statu quo, semble bien approuver les pratiques actuelles (voir [4]).

Dans l'affaire des brevets, c'est donc la jurisprudence de l'OEB qui altère l'esprit de la loi, qui la vide de son sens. Mais les États ont désormais une façon très simple de lutter contre les pratiques illégales : ils en font des lois ! Exemple d'actualité, l'Union Européenne qui est en passe d'adopter à Nice une Charte extrèmement dangereuse pour la souveraineté des États et le contrôle démocratique de la pratique juridique en Europe...

D'une certaine manière, l'affaire des tripatouillages de la législation sur les brevets est encore plus symptomatique car elle réalise une étape supplémentaire : ce n'est plus un organe de la Communauté Européenne qui dérive, mais l'OEB, un organisme international indépendant, et à but strictement lucratif ! Pour avoir un compte un peu exact des pratiques illégales de l'OEB, il suffit de consulter l'article de Gregory Aharonian qui contient des statistiques détaillées sur les procédures d'examen des brevets, et montre que 90 % des brevets logiciels attribués par les offices de brevets sont invalides ([5]).

La volonté intéressée de l'OEB est de modifier l'esprit de la loi en légalisant des pratiques qui le violent. Notre volonté est de reformuler la loi pour que sa lettre en respecte l'esprit.

Malheureusement, le logiciel n'est pas le seul concerné par les problèmes de la brevetabilité. Voir, par exemple, le dossier de l'association Act-Up (« Sida : mort sous brevet », [6]), et concernant les pratiques scandaleuses de l'OEB le communiqué des Verts du 23/11/2000 ([7]) :
« Alors que seuls trois Etats de l'Union ont transcrit la directive européenne autorisant à breveter le vivant, l'Office européen des brevets tente de forcer la main aux Etats. Le 16 juin 1999, il intégrait la directive dans la convention européenne des brevets alors que celle-ci inter­ dit la prise de brevets sur le vivant. Les Verts refusent ce véritable hold-up sur le vivant, fait dans l'ombre par un organisme qui ne rend de compte à personne, et réalisé par le Conseil d'administration qui n'en a pas les compétences. Cet acte est illégal, mais ne peut être déféré devant la Cour de Justice des Communautés Européennes, car l'Office ne fait pas partie de l'Union européenne. Aujourd'hui, l'Office tente de régulariser cette opération en faisant modifier la convention par l'ensemble des Etats réunis à Munich. Et il en profite pour demander une extension des compétences du Conseil d'administration afin de pouvoir intégrer seul les modifications à venir... »

A la veille de la conférence intergouvernementale de Nice, dont l'ordre du jour contient une modification des règles de décision concernant les services et la propriété intellectuelle, personne ne peut nier que le problème est global (voir l'article de Madame Anne-Cécile Robert, [8]).

Les principes de la propriété intellectuelle sont soumis à des assauts répétés. Les renoncements de Munich à peine constatés que le sommet de Nice se pointe à l'horizon... Par la modification de l'article 133 du traité d'Amsterdam ([9]), on vise à ramener « les services, les investissements et les droits de la propriété intellectuelle » dans le « champ d'application de la politique commerciale », c'est-à-dire, en particulier, à exclure ces questions du domaine du vote à l'unanimité, pour leur appliquer un vote à la majorité qualifiée qui induira, automatiquement, des solutions ultra-libérales, c'est-à-dire anti- européennes.

La révision de l'article 133 donnerait également des pouvoirs étendus à la Commission Européenne pour les négociations au sein de l'OMC pour la révision de l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) et l'Accord sur les Droits de Propriété Intellectuelle liés au Commerce (ADPIC) qui risquerait d'appliquer les règles de l'OMC notamment au secteur de la propriété intellectuelle (voir, à ce sujet, le dossier d'ATTAC et notamment l'article de Madame Susan George, [10]).

Devant cette actualité multiple sur le front de la propriété intellectuelle, nous appelons donc tous ceux qui ont été élus pour exercer notre souveraineté à se resaisir. Nous demandons tout particulièrement au gouvernement et au Président de la République (actuel Président de l'Union Européenne) de reprendre le contrôle de l'Office Européen des Brevets, pour mettre un terme à ses pratiques, et à se souvenir des intérêts dont ils ont la charge en refusant la modification de l'article 133 du traité d'Amsterdam.

A. Références

1. Consultation d'Eurolinux :
http://petition.eurolinux.org/consultation
et consultation européenne
http://europa.eu.int/comm/internal_market/fr/intprop/indprop/softpatfr .htm

2. Déclaration de M. Roland Grossenbacher :
http://www.european-patent-office.org/news/pressrel/2000_11_29_f.htm

3. Galerie des Horreurs de la FFII :
http://swpat.ffii.org/vreji/pikta/indexen.html

4. Avis de la délégation française lors de la Conférence Diplomatique :
http://www.european-patent-office.org/epo/dipl_conf/pdf/dm00008.pdf

5. Le système d'examen des brevets est intellectuellement corrompu par Gegory Aharonian :
http://www.bustpatents.com/corrupt.htm

6. « Sida : mort sous brevet » :
http://www.actupp.org/1er_decembre/decembre2000/index.html

7. Communiqué des Verts du 23/11/20000 :
http://www.verts.imaginet.fr/communiq/com2000/com0011.html#ancre318334

8. « Une Charte cache-misère », par Anne-Cécile Robert, Monde Diplomatique, décembre 2000

9. Extension du vote à la majorité qualifiée :
http://europa.eu.int/comm/igc2000/geninfo/confer4789_fr.pdf

10. Alerte rouge sur le "133":
http://www.attac.org/fra/list/doc/george.htm

B. APRIL

L'APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre, créée en 1996, est composée de professionnels de différentes sociétés ou administrations, de chercheurs et d'étudiants. Elle a pour objectif de sensibiliser les entreprises, les administrations et les particuliers sur les risques des solutions propriétaires et fermées, et de les informer des potentialités offertes par les logiciels libres et les solutions basées sur des standards ouverts.

Pour plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site Web à l'adresse suivante : http://www.april.org, ou nous contacter par mail à l'adresse contact@april.org .

Contact Presse :
Frédéric Couchet, Président. E-mail : fcouchet@april.org .
Tél : 06.60.68.89.31
Olivier Berger, Secrétaire. E-mail : oberger@april.org .

 

COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (n°187)
21/11/2000
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De ce numéro, extraits en bref...
1- Nice 2000. Pour tout savoir sur tout ce qui se prépare.
2- Nice 2000, alerte rouge sur le « 133 ». L'un des sujets les plus préoccupants celui du changement dans le mode de prise de décision du représentant de l'Union européenne pour le commerce, Pascal Lamy. Le bloquer et le faire échouer seront l'un des enjeux majeurs de nos mobilisations.
3- Nice 2000 vu du MEDEF. A lire sans modération. On dirait encore un vieux Blake et Mortimer... attention l'Internationale attaque la Mondialisation. Vous ne le saviez pas ? Eh bien vous allez le lire.
4- La Directive Européenne 98/44 dite de "brevetabilité des inventions biotechnologiques". Où est la présidence française ? Rendez-vous à Nice pour la retrouver retranchée dans son bunker. En attendant votre corps est à vendre en pièces détachées.
5- Les OGM, les gendarmes, les citoyens et la démocratie. La suite de « Moi j'y étais et je veux cracher ». Des actions continuent dans certains groupes locaux en France. Ici un exemple.
6- Les poulets à l'OGM. Expérience sur les volatiles... l'OGM est soluble dans le muscle de poulet. Un nouveau plat à déguster chaud.
7- Vous avez rendez-vous avec ATTAC
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1- Nice 2000
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Manifester ? Voyager ? Manger ? Dormir ? Apprendre ? Participer ?
Les différentes organisations qui préparent les mobilisations du 06 et du 07 décembre à Nice, finalisent les quelques derniers détails. Les voyages se préparent de partout en France, et même d'autres pays, en train ou en bus, en bateau pour nos amis corses...
Si vous voulez être informés et pouvoir consulter les dernières informations (mise à jour, plusieurs fois par jour) : http://attac.org/nice2000/

Le 2 décembre des groupes locaux d'ATTAC en France préparent déjà un samedi de mobilisations et de sensibilisation aux différents thèmes et préoccupations qui nous amènerons à Nice le 6 décembre.
Rencontres, débats, tractages et manifestations, par exemple autour du Théâtre de l'Europe, Odéon, à Paris à partir de 13h00. Pour savoir ce qui se passe dans votre région, http://attac.org/nice2000/
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2- Nice 2000, alerte sur le « 133 »
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Dans son texte sur l'extension à la majorité qualifiée, la conférence intergouvernementale (CIG) ne fait pas dans le détail et tranche dans le vif. Pour Pascal Lamy, chef de file, de cette conférence, la démocratie lui donne de l'urticaire.
En effet. Il ne préconise pas moins que la suppression du droit de veto ouvert à tout État membre dans les négociations d'accords commerciaux visés à l'article 133 CE du traité d'Amsterdam.
Il va même jusqu'à inclure les services, les investissements et la propriété intellectuelle dans le champs d' application de cet article dont il propose une révision radicale.
Les motivations ne sont pas explicites dans le texte de la CIG mais néanmoins facilement décelables après une lecture un peu plus approfondie, dont nous allons ici en résumé le contenu et les points les plus importants au fil de l'introduction, de l'article 133 et du protocole proposés.

L'INTRODUCTION :
Il fallait bien justifier l'abolition du droit de veto ouvert à chaque État membre.
Le prétexte évoqué risque fort de nous être servi à toutes les sauces : l'élargissement de l'Union européenne.
En vue d' une Europe de trente États membres, il fallait, selon Pascal Lamy, trouver une solution pour parer à toutes situations de " blocage " que pourrait entraîner le droit de veto que représente le vote à l' unanimité.
Nul doute que les tenants de cette solution vont chercher à disqualifier systématiquement toutes les alternatives capables d'apporter une réponse à une situation de "blocage" sans remettre fondamentalement en cause le principe de l'unanimité et le droit de veto. Pour faire d'une pierre deux coups, le nouveau texte introduit dans le "commerce" ce qui en était exclu auparavant, à savoir : les services, ce qui comprend bien entendu les services publics, mais aussi les professions libérales (médecins, notaires, avocats, huissiers, etc...), ainsi que les investissements et la propriété intellectuelle.
Cela risque effectivement de provoquer des levées de bouclier de la part des citoyens de certains États membres pour ce qui concerne la libéralisation des services publics et la marchandisation de la propriété intellectuelle qui ne touche pas seulement les productions artistiques mais aussi les découvertes tant médicales et scientifiques que génétiques.
Pour que les prochains accords commerciaux orchestrés par l'OMC (dont l'AGCS) puissent se concrétiser rapidement, sans "entrave" et sans contestation possible, il faut donc abolir le droit de veto.
Voilà ce qu'il faut surtout retenir des intentions de ce texte qui a été impulsé par les lobbies industriels pour qui les portes de la Commission sont grandes ouvertes, voir même le tapis rouge déroulé, notamment pour l'ERT (table ronde des industriels européens).
C'est ce que suggère la phrase " A la lumière des dernières discussions " de l'introduction. Ces "discussions" ont abouti à deux options que nous verrons plus loin.
Mais ce n'est pas tout. Les représentants de la CIG sont invités, en fin d'introduction, à réfléchir sur les moyens de ce que l 'on pourrait qualifier d'introduction de l'AMI dans le traité d' Amsterdam.
Car il faut comprendre du dernier paragraphe de l' introduction qu'il faut trouver les moyens d'étendre à toutes les activités humaines, sources de profits financiers, le système permettant aux industriels et aux financiers de s'en accaparer les bénéfices, de le verrouiller et de le maintenir sous le contrôle de l' OMC.
Les termes employés ne laissent aucun doute. A les écouter on pourrait croire qu'ils veulent instituer l'OMC Chef de l'État-Monde.

LES OPTIONS 1 ET 2 :
Très similaires, sauf que l'option 2 n'inclue pas les investissements dans le champ d'application de l'article 133. Sauf aussi que la disposition n°5 dans la première option est supprimée tandis qu'elle est modifiée dans l'option 2.
Mais elles sont fondamentalement identiques, puisqu'elles suppriment toutes deux le vote à l'unanimité (droit de veto), en instituant en sa disposition 4 le vote à la majorité qualifiée, alors que l'unanimité est prévue à la disposition 5 originale qui exclue également les secteurs inclus par les nouvelles dispositions.
Mais, ce à quoi il faut désormais porter toute son attention c'est le comité consultatif prévu à la disposition 3. En effet, le droit de veto aboli donne officieusement presque tous les pouvoirs à ce comité appelé "comité 133" qui en principe n'a qu'un rôle de consultation. Or il s'avère être, en réalité, le porte parole exigeant de l'OMC et des lobbies pour lequel la Commission servile soumet les propositions au Conseil, représenté par les Chefs d'État ou de Gouvernement des pays membres qui doivent se prononcer en donnant leur accord ou non (ratifier).
Les pouvoirs de ce comité sont considérables.
Entre autres, il est compétent pour toutes les matières couvertes par l'OMC, c'est par lui que passent les accords pris dans le cadre du système des préférences généralisées et c'est donc ce Comité qui serait au cour des négociations, à partir de juillet 2001, pour libéraliser les échanges entre l'Union et les pays du Mercosur.
Le Comité 133 s'avérerait être un loup dans la bergerie. Il préparerait les textes, qu'il propose à la commission qui les rédige, en étroite collaboration avec les lobbies, on s'en doutait un peu. Mais surtout, il impose ses directives au nom de la Commission bien qu'il ne bénéficie d'aucune légitimité.
De plus, les négociateurs ne sont responsables que devant leur hiérarchie administrative.
En fait, et pour résumer. le Comité 133 est l'outil de légitimation de l'OMC et des lobbies.
Aussi, ce système est parfaitement verrouillé. Le verrou le plus important étant posé par la disposition 5 de l'option 2 : une fois ratifié à la majorité qualifiée, le protocole annexé à l'option 2, qui s'imposerait alors à tous les États membres, serait lui même amendable cette fois-ci à la double condition de l'unanimité et de la consultation parlementaire ! c'est ce qu'on appelle l'effet de "cliquet".

LE PROTOCLE :

Il sert surtout à verrouiller davantage le système puisqu'il instaure une procédure unique pour les négociations, quelque soit le secteur concerné (Art. 2), il opère à un transfert de compétence de l'UE et des États membres vers la Commission qui parlerait en leur nom. Chaque État membre n'aurait plus la possibilité de proposer individuellement son point de vue et n'aurait aucun contrôle sur la conduite des travaux entre la Commission et l'OMC (Art. 3).
Toutefois, on laisse croire à une possibilité de "débat" pour les revendications d'un État membre.
Or il s'agit davantage d'une pseudo-discussion puisque l'issue est soumise à la validation des autres États membres avant d'être soumise à l'OMC. Ce qui paraît logique puisqu'il revient à la Commission de soumettre la proposition à l'OMC et qu'elle le fait au nom de tous les États membres (Art.4).
Mais ce ne serait pas le plus malheureux si la Commission, investie ici d'un nouveau pouvoir, était réellement maître de l'orientation des débats avec l'OMC et surtout de leur conclusion. Or, même si le texte ne le dit pas explicitement, on devine qui décide à la lecture des termes très évocateurs qui mettent la Commission en position de celui qui propose et l'OMC de celle qui dispose.
Encore que les propositions sont le fruit des volontés de cette dernière via le "comité 133".
Le Conseil n'étant là que pour légitimer ces volontés (Art.5).
Enfin pour en terminer. En cas de conflit (Art. 7 et 8) le protocole, comme dans l'AMI, n'envisage que deux cas de figures : Entreprise(s) (multinationale(s)) contre État(s), ou État(s) contre État(s), il n' envisage pas l'hypothèse d'État(s) contre entreprise(s).
Comme lors de la conduite des travaux, le ou les États membres concernés sont représentés par la Commission qui doit veiller à " l'unité " de l'UE.
Si cela à une consonance solidaire, il n'en est rien. Par "unité" il faut entendre "accord".
Tous les États membres doivent être d'accord sur la défense à tenir puisque, encore, c'est la Commission qui parle au nom de tous, quand bien même un seul État serait visé.
Mais ce n' est pas tout, le ou les États en question seraient soumis à une "juridiction" supra nationale, à savoir l'ORD (Organe de Règlement des Différents) toute vouée à la cause libérale et dont on connaît d' avance les positions et de façon très concrète depuis le différend, dans le cadre de l'ALENA, qui avait opposé une multinationale US à l' état canadien qui avait dû abroger une loi visant à protéger l' environnement et dédommager la multinationale US des bénéfices escomptés qu'elle n'avait pas pu faire du fait de cette loi. L'ORD avait ainsi autoriser la multinationale à continuer de polluer les rivières.
Après l'OMC Chef de l'État-Monde, l'ORD Cour suprême internationale ?
Il ne fait aucun doute des intentions de cette CIG et de la révision de l'article 133 : ouvrir grandes les portes à la libéralisation tous azimuts sans aucun contrôle citoyen et sans aucune possibilité de retour en arrière.
Nous ne devons pas laisser passer ça, sinon on risque d'être bons pour ranger nos banderoles et hurler seuls entre quatre murs.

N'achetons pas la corde avec laquelle ils veulent nous pendre !
TOUS A NICE LE 6 DECEMBRE !

Jean Marc Fiorese. nordessonne@attac.org
Autres documents sur le « 133 » ainsi que le texte original de proposition de réforme : http://www.attac.org/fra/list/doc/george.htm
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3- Nice 2000 vu du MEDEF
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Texte brut extrait du "mensuel de l'actualité économique et sociale" de l'UIMM
(union des industries métallurgiques et minières) - principale composante du Medef - sur notre mouvement et Nice.

"...La situation est apparemment plus calme qu'au printemps, les conflits les plus médiatiques ayant cessé.
Il n'empêche que le climat s'alourdit. Les tensions sont latentes aussi bien dans le secteur marchand que dans le secteur public.
Dans le même temps, le clivage s'est accentué entre les cinq organisations syndicales à l'occasion des négociations sur l'assurance chômage.
Ces confédérations représentatives sont au surplus vivement critiquées, voire combattues par la myriade d'organisations (syndicats et associations) constituant le "pôle radical".
Le mouvement protestataire contre la mondialisation mobilise précisément cette mouvance. Le militantisme trouve, semble t-il, dans ce domaine, un écho grandissant et suscite , en dehors du monde de l'entreprise, des formes d'actions radicalement nouvelles mais qui auront fatalement, à terme, des retombées sur les entreprises. (...)
Comme nous le disions, au lendemain des deux congrès de la CGT et de la CFDT, en février 99, (...) l'échiquier syndical a d'avantage de chance de rester éparpillé que de se "recomposer" (...)
Dans l'immédiat, des alliances d'un autre type se nouent pour former un front anticapitaliste visant à lutter contre la mondialisation. Nous avons déjà évoqué ce mouvement à l'occasion des manifestations de Seattle contre l'OMC à la fin de l'année dernière.
On a retrouvé à Millau, le 30 juin dernier, ces forces qui entendent s'opposer à la "dictature des marchés".
Il ne faudrait surtout pas réduire ces "nouveaux mouvements sociaux", parfois hauts en couleurs, autour d'un personnage pittoresque à une manifestation folklorique. Il s'agit d'une tendance de fond qui s'affirme, s'organise et surtout s'internationalise.
Le plus frappant est l'élargissement de l'éventail composant cette vague anti mondialiste.
Côté français, on y trouve les trois syndicats opposants à l'accord du 14 juin, le groupe des Dix-Solidaires (nouvelle appellation) qui regroupe les syndicats SUD, les trois associations de chômeurs citées plus haut, ATTAC, les associations de "Sans" (DAL, Sans-logis, etc...).
Les partis politiques n'étaient pas non plus en reste: PC, verts, sans oublier la LCR, LO...
La confédération des syndicats libres (CISL: 125 millions d'adhérents) "s'interroge": elle estime de sa vocation de contribuer à élargir une "nouvelle gouvernance de l'économie mondiale qui soit effectivement au service du développement humain pour tous et pour toutes".
On insistera sur la nature radicalement nouvelle de cette mouvance, tant par ses mobiles que ses méthodes: l'action directe (avec opérations "coup de poing"), l'utilisation des médias fort complaisants à leurs thèses pour émouvoir l'opinion publique de façon sympathique, l'exploitation d'Internet qui est un formidable vecteur de propagation de ses thèses et un puissant fédérateur.
L'habileté des leaders est également à souligner, notamment leur volonté de donner à ce type de manifestations, le caractère d'une fête joyeuse, bannissant les violences mais rassemblant force intellectuels avec le soutien plus ou moins explicite de dignitaires religieux pour équilibrer l'aspect doctrinal et l'aspect "ludique" qui attire les jeunes.
Bref, ces organisateurs bien décidés à réitérer ce nouveau genre de "grand-messe", à l'occasion des réunions du FMI ou de l'OMC, doivent être pris au sérieux.
Il s'agit ni plus ni moins d'une esquisse de "Cinquième Internationale".
Ce mouvement se déroule en dehors des entreprises, mais celles-ci en subiront forcément, à terme, des retombées, et elles ne semblent guère préparées à faire face".
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4- La Directive Européenne 98/44 dite de " brevetabilité des inventions biotechnologiques "
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Le 30 juillet 2000, la directive européenne 98/44 aurait dû être transposée dans le droit français.
L'appel du député J-F Mattei soulignant qu'elle était contraire à la loi de bioéthique de 1994 a entraîné le report sine die de cette transposition.
Sans revenir sur les arguments juridiques à l'encontre de cette directive, qu'implique-t-elle pour l'agriculture et la santé ?

L'article 4 et l'agriculture
Selon l'article 4 §1a. " Les variétés végétales et les races animales ne sont pas brevetables ", mais l'alinéa 2 en permet la brevetabilité lorsqu'elles résultent d'une transgénèse : " Les inventions portant sur des végétaux ou des animaux dont l'application n'est pas techniquement limitée à une variété végétale ou à une race animale sont brevetables ".
La directive introduit une discrimination légale favorisant les solutions " transgéniques inutiles et dangereuses des transnationales aux dépens de méthodes efficaces et durables, écologiquement élégantes, mais sans profit pour les transnationales.
De telles solutions " consistent à trouver des parades aux maux que les solutions " transgéniques précédentes auront créés.
Au Canada, la culture de variétés transgéniques de colza tolérantes aux herbicides Roundup de Monsanto, Liberty d'Avantis et Pursuit de Cyanamid a provoqué l'apparition d'une triple résistance.
Les agriculteurs devront recourir à des herbicides plus toxiques et en quantités accrues. 71 % des superficies transgéniques sont des plantes tolérantes (la plante stocke l'herbicide sans en souffrir) aux herbicides.
Les producteurs d'OGM ne sont-ils pas des agro-chimistes ?
La Commission a rejeté les amendements proposés par les Verts et visant à élargir le droit de réensemencement. Il ne faut pas s'en étonner.

Le brevet est ici tourné contre le vivant, contre les paysans - contre chacun de nous.

Pourquoi ? Un " semencier " n'a pas de marché tant que le paysan sème le grain récolté.
Son objectif est donc d'interdire au paysan de semer le grain récolté. Plus précisément, un sélectionneur ne peut vendre le " fait variétal " (le " logiciel génétique ") tant que le paysan le reproduit et le multiplie, c'est-à-dire le copie dans son champ.
C'est que toute production biologique passe par une reproduction. La nature s'oppose ainsi au " droit naturel du profit ". Elle a tort.
Terminator, cette transgénèse de stérilisation, est bien le plus grand triomphe de la génétique agricole depuis cent cinquante ans, celui de la loi du profit sur celle de la vie.
Toutefois, cette nécrotechnologie est coûteuse à mettre en ouvre et peu fiable. Ne serait-il pas plus rentable de faire légalement cette expropriation, par le brevet ?
C'est l'objet de la directive. Aux Etats-Unis des centaines d'agriculteurs sont traînés devant les tribunaux pour avoir enfreint le privilège que le brevet confère aux industriels des " sciences de la vie ".
Tout privilège crée un sentiment d'injustice chez ceux qu'il exclut. Il suscite la " triche ".
Aux Etats-Unis, Monsanto utilise les services de détectives privés pour débusquer la " piraterie " - c'est le terme qui désigne dorénavant la pratique fondatrice de l' agriculture, semer le grain récolté. Selon cette logique, se nourrir serait un recel.
Et pour faire bonne mesure, ce chef de file des sciences de la vie ", met à la disposition des agriculteurs des lignes téléphoniques gratuites pour qu'ils dénoncent anonymement leurs voisins " pirates ".
En résumé, la directive européenne organise une discrimination en faveur de " solutions " transgéniques inutiles dont l'opinion publique ne veut pas ; elle crée un privilège pour quelques transnationales et conduit à une société de délation.

L'article 5 et la santé
5§1.
Le corps humain, aux différents stades de sa constitution et de son développement, ainsi que la simple découverte d'un de ses éléments, y compris la séquence ou la séquence partielle d'un gène ne peuvent constituer des inventions brevetables.
5§2.
Un élément isolé du corps humain ou autrement produit par un procédé technique, y compris la séquence ou la séquence partielle d'un gène, peut constituer une invention brevetable, même si la structure de cet élément est identique à celle d'un élément naturel.

Observons la roublardise transformant une " découverte " (non-brevetable) à l'alinéa 1 en " invention " brevetable à l'alinéa 2.

Cet article 5 est bien contraire à la loi de bioéthique de 1994.
Mais là n'est pas le plus important. Le secteur pharmaceutique se concentre. Une douzaine de transnationales contrôlent un marché segmenté en spécialités - un marché de vie et de mort, et donc immensément rentable. Elles visent à l'étendre.
C'est la logique même du marché. Ces firmes prétendent lutter contre la maladie. Mais, fonds de pension et spéculation financière obligent, leur objectif est d'accroître leurs profits.
Elles nous proposeront des techniques satisfaisant cet objectif, aux dépens de notre santé s'il le faut.
La puissance du nouveau (17 janvier 2000) groupe Glaxo-Wellcome-Smithkline-Beecham repose sur " une force de vente de 40 000 personnes " - sur un total de 105 000 !
Aux seuls Etats-Unis, 7 600 visiteurs médicaux contrôlent les médecins et les transforment en " prescripteurs ". Cette force de vente contribue-t-elle à la qualité des soins ou aux profits des actionnaires ?
Le docteur J. Orbinski, président de Médecins Sans Frontières, écrit qu'au Kenya, le traitement contre la méningite opportuniste du Sida avec le fluconazole coûte 120 francs par jour, mais seulement 4 francs par jour en Thaïlande.
Au Kenya, le fluconazole est breveté, il ne l' est pas en Thaïlande.
Au Kenya, les malades meurent. Les médicaments sont déjà brevetés.
Faut-il aussi breveter en amont les gènes qui en seront la source ?
Faut-il laisser des cabinets d' avocasserie d'origine américaine organiser le partage des marchés ?
Faut-il breveter le vivant et privatiser la recherche publique comme c 'est le cas partout dans le monde, qu'il s'agisse d'agriculture ou de santé ?
Ne faudrait-il pas plutôt rendre publique cette recherche privée afin que les talents qu'elle stérilise à des tâches aussi monstrueuses que Terminator et ses clones et que les sommes englouties dans la défense de leurs brevets pour ne rien dire du contrôle des prescripteurs " soient mis au service de tous ?
Mais ce n'est pas tout. Le brevet sur le vivant est inséparable d'une nouvelle conception, prétendument scientifique, de la maladie : les maladies seraient génétiques. Nous soigner exigerait de breveter les gènes. Ce déterminisme génétique vaut pour quelques maladies rares - qui n' intéressent pas ces firmes.
Leur objectif est d'utiliser un succès éventuel comme vitrine pour généraliser leur idéologie génétique à l' immense marché des maladies " de civilisation " - cancers, obésité, maladies mentales, allergies, et pourquoi pas ?, à celui de vieilles maladies, en plein renouveau comme la tuberculose.
Ainsi, des spécialistes londoniens ont fait la démonstration en Gambie (que) les hommes ne sont pas génétiquement égaux face au risque de l'infection tuberculeuse ...
Comme on vient de l'établir pour la contamination par le virus du sida, certaines personnes sont, du fait de leur patrimoine héréditaire, plus que d'autres exposées à la maladie ".
Belle découverte : nous sommes tous différents !
Le travail des spécialistes londoniens débouche sur une tautologie qui introduit une causalité génétique dans une maladie que l'on disait jusqu'ici due au bacille de Koch.
Pourtant, la tuberculose n'est pas plus due au bacille de Koch que l' obésité au gène découvert en mars 1997 (ou le cancer aux oncogènes).
L 'incidence de la tuberculose dans les pays industriels avait diminué de 90 % en 1914, avant même que la première molécule active contre le bacille de Koch ne soit disponible : en une cinquantaine d'années, la diminution du temps de travail, l'amélioration des conditions de travail, la suppression du travail des enfants, des augmentations de salaires, de meilleures conditions d'alimentation, d'hygiène et de vie etc., avaient assaini le terrain sur lequel le BK prospérait.
On peut combattre la tuberculose en en supprimant les causes sociales ou en s'attaquant au BK avec des antibiotiques (ou en en soignant les gènes).
On sait que la deuxième méthode ne peut contrôler la tuberculose qui fait un retour foudroyant, y compris dans les pays développés du fait de la dégradation des conditions de vie d'une partie de la population.
La maladie " génétique " introduit un élément nouveau par rapport à la maladie microbienne qui laissait la porte ouverte à la compréhension des causes sociales et politiques de la maladie, bref à son écologie politique et, donc à la mise en ouvre d'une politique de santé publique, s'attaquant à ses causes, plutôt qu'à son agent, le bacille de Koch.
Mais avec la maladie génétique, la maladie devient propre à l 'individu. Ses mauvais gènes en font une victime désignée.
Le malade devient un " patient " - " personne qui subit par opposition à agent " .
Soit dit en passant, on trouvera presque toujours des gènes responsables " (dans cette conception scientifique étriquée de la causalité) d'une pathologie puisque les gènes fabriquent des protéines qui jouent un rôle dans toutes les fonctions de la vie.
Quel est l'enjeu de " découvertes " qui, à l'examen, sont autant de tautologies ?

Du point de vue des transnationales semencières, il n'y a pas de plus grande injustice que la faculté des plantes et des animaux de se reproduire dans le champ du paysan. Tout a été fait pour s'en débarrasser.

Pour ces mêmes firmes des " sciences de la vie ", une personne en bonne santé porte préjudice à leur rentabilité.

Tout sera donc fait pour l'en débarrasser.
Ne faut-il pas comprendre la théorie génétique de la maladie, le battage médiatique du " tout génétique ", le chantage au brevet qui "en-protégeant-l' investissement-permettra-de-nous-débarrasser-de-la-maladie " dans ce cadre de l'économie politique ?
Nous sommes tous porteurs de maladies " génétiques " - en jargon de susceptibilités aux maladies génétiques " - une cinquantaine au moins, dit-on.

Pour les Dr Knock transnationaux, toute personne bien portante est un malade qui s'ignore.

La maladie génétique et la médecine " prédictive " font de tout être humain (et ce, avant même sa naissance), un malade potentiel de la naissance à la mort.
Le marché médical s'élargit à toute personne en bonne santé - exactement comme Terminator, le brevet et autres " hybrides " étendent le marché des semences " à la totalité de la superficie cultivée de la planète.
Bis repetita... En somme, pour nous débarrasser de la maladie, il faut faire de chacun de nous un malade potentiel.
C'est la fin de tout système de sécurité sociale.

En résumé, que prépare le gouvernement à propos de la directive européenne 98/44 ?
Se joindra-t-il aux pays européens (Italie, Pays-Bas, Norvège) qui ont déposé un recours devant la Cour Européenne de Justice ?
La présidence française ne devrait-elle pas plutôt proposer de faire du vivant un bien commun de l'humanité inappropriable par quelque moyen que ce soit ?

Jean-Pierre Berlan, Directeur de Recherche INRA le 9 octobre 2000.
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5- Les OGM, les gendarmes, les citoyens et la démocratie
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Il y a trois mois la Confédération Paysanne et un groupe d'agriculteurs biologiques, le GABB, découvrent deux parcelles de maïs OGM au milieu d'une plantation anodine.
Ils invitent alors la population du Maine et Loire et la presse à un "Pique-nique citoyen" sur les lieux en question, le 16 septembre 2000.
Trop tard ! Le 9 septembre, au nez et à la barbe des vigiles engagés par la société agrochimique "Biogemma", les parcelles sont détruites par des inconnus.
La Confédération Paysanne et le GABB assurent qu'ils n'y sont pour rien : lorsqu'ils décident ce genre d'action, ils le font savoir !
Alors, sous la houlette du Procureur de la République de Saumur, la gendarmerie enquête.
Elle enquête si bien qu'elle finit par découvrir une trace de sang sur une feuille : du sang de femme !
Depuis, sur instruction du Procureur, les gendarmes "cherchent la femme" parmi les militantes anti-OGM, ou même parmi les compagnes des militants, lesquelles ont été photographiées, lors d'une précédente réunion publique d'information sur les OGM (26 août 2000).
En utilisant ce qu'il faut de persuasion, ils invitent ces dernières à cracher sur un morceau de buvard afin d'analyser leur "ADN"!
Un type d 'analyse jusqu'alors réservé à des enquêtes criminelles !
Comme nous, vous souhaitez protester contre la criminalisation de l' action citoyenne.
Se sentir concerné par le débat sur les OGM; essayer de comprendre, c'est devenir suspect.
Participer à une réunion publique sur les OGM, c'est s'exposer à être photographié par les Renseignement Généraux, à voir le numéro d'immatriculation de sa voiture relevé !
Contre l'utilisation de prélèvements d'ADN sur des militants anti-OGM.
Ce procédé banalise le fichage ADN des citoyens, et porte atteinte aux libertés individuelles.
Contre la réalisation, en plein champ, d'essais de culture transgénique. Les pouvoirs publics se font les défenseurs des secrets industriels des firmes agrochimiques.
Nous exigeons un contrôle citoyen transparent et démocratique des OGM.

Afin de contrer ces manoeuvres d'intimidation, participez à la manifestation: " Crachats solidaires contre les OGM ! "

Rassemblement devant la gendarmerie, 6 Bis place Freppel ANGERS (près de la cathédrale) Mardi 21 novembre 2000, à 18h
Afin de faciliter la tâche de la justice, une bassine commune recueillera les crachats des citoyens.

ATTAC 49 - 15 rue du canal / 49 100 Angers - angers@attac.org
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6- Les poulets à l'OGM
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3 novembre 2000 :
Transfert de morceaux de gènes du mais Bt aux poulets.
Dans le cadre d'un projet sur le transport de gènes dans la chaîne alimentaire mené en collaboration avec l'institut de physiologie de l'université technique de Munich, le bureau fédéral de recherche sur la viande de Kulmbach, l'institut pour l'alimentation animale de Braunschweig, des chercheurs de l'institut pour les sciences alimentaires de l'université Friedrich Schiller et Jena ont mis en évidence la présence de morceaux du patrimoine de maïs génétiquement modifié dans des organes et la viande de poulets.
Les animaux avaient été nourris durant les 32 jours de leur vie avec Du maïs Bt. Après leur abattage, des gènes étrangers ont été recherchés à l'aide de la réaction de polymérisation en chaîne (PCR) dans des échantillons de tissus des reins, de la rate, du foie, ainsi que dans les muscles des cuisses et de la poitrine.

Information supplémentaire :
Prof. Dr. Gerhard Jahres Institut fur Ernahrungswissenschaften der Friedrich-Schiller universitat Jena
Tel : 03641 / 949611 - Fax : 03641 / 949612
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7- Vous avez rendez-vous avec ATTAC
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D'ici au prochain numéro du Courriel d'information voici quelques rendez-vous d'ATTAC et de ses groupes locaux auxquels vous pouvez participer.

Pour plus d'information, n'hésitez pas à consulter notre calendrier
http://attac.org/rdv/

 

22/11/2000

A Théodore,

Dans la floraison d'hommages qui suivent un décès chacun souligne telle ou telle facette d'un disparu en fonction de ses intérêts particuliers. Il m'a été donné, comme à beaucoup, de rencontrer Théodore Monod.

Personne ne pouvait rester indifférent après une rencontre avec cet homme de bien.
Peu de gens auront marqués le siècle qui s'achève comme cet éternel humaniste amoureux des hommes et de la nature.
Grand scientifique, connu et reconnu de tous comme le spécialiste incontesté du désert de Mauritanie, son parcours militant est exemplaire.

Puisse de nombreux citoyens lui rendre hommage en poursuivant son travail auprès des associations et collectifs qu'il se faisait un devoir de soutenir.
De la sortie du nucléaire à l'opposition à la chasse, sa culture non violente et son aura humaniste et médiatique manquera.

Son décès nous laisse un grand vide à l'heure ou des interrogations légitimes surgissent ou resurgissent.
L'arrivée en masse des farines OGM bien sûr mais aussi la problématique sur l'effet de serre, l'impasse du nucléaire et la gestion de ses déchets, les pollutions marines ainsi que la montée en puissance du lobby de l'extrême-chasse avec son lot d'intolérances.

Une constante souvent : la course au profit au détriment des hommes, de la sécurité et de l'environnement.
Bref les dossiers sont ouverts, des solutions existent, il ne manque plus que la volonté politique de les mettre en œuvre.

A+
Pascal Braud

02 40 56 59 98
06 80 127 720

 






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Copyright © Baldassarra Conseil - Paris

En attendant vous pouvez lire :
- "Les nouveaux chiens de garde" de Serge HALIMI, Éd. : Liber-Raisons d'Agir - 1998
- "Le siècle biotech" de Jeremy RIFKIN, Éd. : La Découverte - 1998
- "La société en réseaux" de Manuel CASTELLS, Éd. : Fayard - 1998
- "Ah Dieu! que la guerre économique est jolie" de Ph. LABARDE / B. MARIS, Éd. : Albin Michel - 1998
- "Contre-feux" de Pierre BOURDIEU, Éd. : Liber-Raisons d'Agir - 1998
- "La facture sociale. Sommes-nous condamnés au libéralisme" de Hoang NGOC LIÊM, Éd. : Arléa - 1998
- "Un apartheid à la Française. Dix réponses à la préférence nationale" de SOS-Racisme, Éd. : Éditions Bérénice - 1998
- "Tableau noir. Résister à la privatisation de l'enseignement" de Gérard de SÉLYS et Nico HIRTT, Éd. : EPO - 1998
- "Pourquoi j'ai mangé mon père" de Roy Lewis, traduit par Vercors et Rita Barisse Éd. : ACTES SUD chez POCKET - 1998

En vrac :
- "L'homme unidimensionnel" de Herbert MARCUSE, Éd. : Éditions de Minuit - 1968
- "Fait et à faire" de Cornelius CASTORIADIS, Éd. : Le Seuil - 1997
- "La parole manipulée" de Philippe BRETON, Éd. : La Découverte - 1997
- "Il lato oscuro del potere" de Giuseppe de LUTIIS, Editori Riuniti - 1996 Roma
- "Le bluff technologique" de Jacques ELLUL , Éd. : Hachette - 1988
- "Un paysage d'évènements" de Paul VIRILIO, Éd. : Galilée - 1996
- "La fin du travail" de Jeremy RIFKIN, Éd. : La Découverte - 1996
- "La Mondialisation financière : genèse, coûts et enjeux" de François CHESNAIS, Éd. : Syros coll. Alternatives économiques - 1996
- "Problèmes politiques et sociaux" d'Yves MÉRY, Éd. : Fayard - 1997
- "Journal télévisé : politique de l'information et information politique" d'Arnaud MERCIER, Éd. : Presses de la Fondation des sciences po. - 1997
- "Le Dernier Empire. Le XXI ème siècle sera-t-il américain" de Paul-Marie de la GORCE, Éd. : Grasset - 1996
- "L'organisation mondiale du commerce" de Michel RAINELLI, Éd. : La Découverte coll. Repères - 1996
- "Société et révolution biologique" d'Axel KHAN, Éd. : INRA Editions, coll. Sciences en question - 1996
- "Une politique de civilisation" d'Edgar MORIN et Samir NAIR, Éd. : Arléa - 1996
- "Le couteau et le poison" de Georges MINOIS, Éd. : Fayard - 1997
- "Géopolitique du chaos" d'Ignacio RAMONET, Éd. : Galilée, Coll. Espace critique - 1997
- "L'illusion identitaire" de Jean-François BAYART, Éd. : Fayard - 1996
- "Un monde qui dévore ses enfants" de Claire BRISSET, Éd. : Liana Levi, Coll. Opinion - 1997
- "La scolarisation de la France" de Jean-Pierre TERRAIL, Éd. : La Dispute - 1997
- "La pensée confisquée" du Club MERLEAU-PONTY, Éd. : La Découverte - 1997
- "Les prospérités du crime" de Guilhem FABRE, Éd. : Editions de l'Aube - 1999
- "L'actualité d'un archaïsme" d'Alain BIHR, Éd. : Pages deux, coll. Cahiers libres - 1998 Lausanne
- "Internet et après" de Dominique WOLTON, Éd. : Flammarion - 1999
- "Histoire de l'utopie planétaire : de la cité prophétique à la société globale" d'Armand MATTELART, Éd. : La Découverte - 1999
- "La supplication Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse" de svetlana ALEXIEVITCH, Éd. : J-C Lattès - 1999
- "Ce nucléaire qu'on nous cache" de Michèle RIVASI et Hélène CRIÉ, Éd. : Albin Michel - 1998
- "La comédie des fonds de pension" de Jacques NIKONOFF, Éd. : Arléa - 1999
- "Chiquita. Révélations sur les pratiques d'une multinationale" du CINCINNATI ENQUIRER, Éd. : Les Magasins du monde Oxfam - 1998 Bruxelles
- "Razzia sur l'art" d'Emmanuel de ROUX et de Roland-Pierre PARINGAUX, Éd. : Fayard - 1999



Dario Fo

Nascita del giullare

Mistero buffo (1969)

- Oh, gente, venite qui che c'è il giullare! Giullare son io, che salta e piroetta e che vi fa ridere, che prende in giro i potenti e vi fa vedere come sono tronfi e gonfi i palloni che vanno in giro a far guerre dove noi siamo gli scannati, e ve li faccio sfigurare, gli tolgo il tappo e... pffs... si sgonfiano. Venite qui che è l'ora e il luogo che io faccia da pagliaccio, che vi insegni. Faccio il saltino, faccio la cantatina, faccio i giochetti! Guarda la lingua come gira! Sembra un coltello, cerca di ricordartelo. Ma io non sono stato sempre... e questo che vi voglio raccontare, come sono nato.
Non che io non sono nato giullare, non sono venuto con un soffio dal cielo e, op! sono arrivato qui: «Buongiorno, buonasera». No! Io sono il frutto di un miracolo! Un miracolo che è stato fatto su di me! Volete credermi? È cosí! Io sono nato villano.
Villano, contadino proprio. Ero triste, allegro, non avevo terra, no! Ero arrivato a lavorare, come tutti in queste valli, dappertutto. E un giorno sono andato vicino a una montagna, ma di pietra. Non era di nessuno: io l'ho saputo. Ho chiesto: «No! Nessuno vuole questa montagna! »
Allora io sono andato fino in cima ho grattato con le unghie e ho visto che c'era un po' di terra, e ho visto che c'era un filino d'acqua che scendeva, e allora ho cominciato a grattare. Sono andato in riva al fiume, ho schiantato queste braccia, ho portato la terra (alla montagna), c'erano i miei bambini, mia moglie. È dolce mia moglie, bianca che è, ha due seni tondi, e l'andamento morbido che ha, che sembra una giovenca quando si muove. Oh! è bella! Le voglio bene io e voglio parlarne.
La terra ho portato su con le braccia e l'erba (cresceva velocemente) faceva: pff... e veniva su di tutto. E dài che era bello, era terra d'oro! Piantavo la zappa e... pff... nasceva un albero. Meraviglia era, quella terra! Era un miracolo! C'erano pioppi, roveri e alberi dappertutto. Li seminavo con la luna giusta, io conoscevo (io sapevo), e cresceva roba da mangiare, dolce, bella, buona. C'era cicorino, cardi, fagioli, rape, c'era di tutto. Per me, per noi!
Oh, ero contento! Si ballava, e poi pioveva sempre per dei giorni e il sole scottava e io andavo, venivo, le lune erano giuste e non c'era mai troppo vento o troppa nebbia. Era bello! bello! Era terra nostra. Bello era questo gradinone. Ogni giorno ne facevo uno, sembrava la torre di Babele, bella con queste terrazze. Era il paradiso, il paradiso terrestre! Lo giuro. E tutti i contadini passando dicevano:
- Che culo che hai, boia, guarda: da una pietraia l'hai tirata fuori! Me disgraziato che non l'ho pensato!
E avevano invidia. Un giorno è passato il padrone di tutta la valle, ha guardato e ha detto:
- Da dove è nata questa torre? Di chi è questa terra?
- Mia, - gli ho detto, - l'ho fatta io con queste mani, non era di nessuno.
- Nessuno? È una parola che non c'è, nessuno, è mia!
- No! non è la tua! Sono andato anche dal notaio, non era di nessuno. Ho chiesto al prete, era di nessuno e io l'ho fatta, pezzo per pezzo.
- È mia, e tu me l'hai a dare.
- Non posso dartela, padrone... io non posso andare sotto gli altri a lavorare.
- Io te la pago! ti do denaro, dimmi quanto vuoi.
- No! No, non voglio denaro, perché, se mi dài i soldi, poi non posso comprare altra terra coi soldi che mi dài e devo andare ancora a lavorare sotto agli altri. Non voglio io, non voglio!
...


© Dario Fo


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Cives ® 1998 Paris